Walter Bonatti, né à Bergame le 22 juin 1930, et mort à Rome le 13 septembre 2011, est un alpiniste, guide de haute montagne, journaliste et photographe italien, considéré par beaucoup comme le meilleur alpiniste de tous les temps.
Bonatti n’a pas 20 ans lorsqu’il escalade l’austère face ouest de l’aiguille Noire de Peuterey et la redoutable face nord des Grandes Jorasses. À 20 ans quand il parvient à tracer un itinéraire dans les murs surplombants de la face est du Grand Capucin. Démonstration magistrale des possibilités de l’escalade artificielle dans le massif du Mont-Blanc. « Le plus grand exploit en rocher accompli à ce jour » commenta sobrement Gaston Rébuffat. Aujourd’hui encore, gravir la Bonatti-Ghigo au Grand Cap, c’est s’émerveiller de l’intelligence d’un itinéraire au sein d’une paroi totalement surplombante. Tout juste 24 ans et Bonatti est de l’équipe italienne qui réussit la première ascension du K2 (8 611 m, second sommet de la Terre). L’exploit qui redonne de la fierté à un pays se relevant difficilement de la seconde guerre mondiale est entaché d’un mensonge.
Il est accusé, à tort, d’avoir consommé de l’oxygène des précieuses bouteilles qu’il porte vers la cordée d’assaut. Calomnie de cette cordée qui fit en sorte de ne pas partager la tente à plus de 8 000 m – forçant Bonatti et le porteur Madhi à un bivouac sans équipement de protection et d’affirmer n’avoir pu utiliser les bouteilles d’oxygène jusqu’au sommet par manque de quantité suffisante du précieux gaz. De retour en Italie, Bonatti ne parvint à faire entendre sa voix. Atteint dans son honneur, le jeune grimpeur traversa une profonde crise morale dont il sortit par l’extraordinaire ascension du pilier ouest des Drus, seul et en cinq jours.
La preuve irréfutable du mensonge finit par sortir en 1993 sous forme d’une photo qui montre Compagnoni au sommet du K2. Un masque à oxygène lui recouvre le visage : les summiters ont bien utilisé le précieux gaz jusqu’au bout de l’ascension.
Dans la décennie 55-65, Walter Bonatti se consacre à son métier de guide et réalise de multiples premières dans le massif du Mont-Blanc, dont il fait son jardin (Grandes Jorasses, Pilier d’Angle, Pilier Rouge du Brouillard). Sur les montagnes lointaines, la réussite de l’impressionnant Gasherbrum IV (7 925 m, Pakistan) avec la seconde expédition nationale italienne ne le réconcilie pas avec l’himalayisme de l’époque : « La conquête du G4 a été pour moi une expérience décevante, limitée, en parfait désaccord avec mon état d’esprit ». En 1959, il devient le premier conseiller technique Millet, et participe activement au développement des sacs à dos de montagne de la marque. La tragédie du pilier du Frêney vécue au cœur de l’été 1961 façonne définitivement la légende de Bonatti. La tentative d’ouverture de la plus haute paroi granitique du Mont Blanc se solde par la mort de quatre alpinistes parmi les deux cordées qui avaient coalisé leurs forces au moment de l’arrivée de la tempête. Les survivants (Pierre Mazeaud, Roberto Gallieni) ne devant la vie qu’à l’abnégation et aux qualités de résistance de Bonatti.
En 1965, Walter Bonatti a 35 ans et tire sa révérence avec panache : l’ouverture en hiver d’un nouvel itinéraire dans l’austère face nord du Cervin. De cette belle réussite, il écrira simplement : « Bonatti a cessé désormais d’être l’alpiniste Bonatti. »